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EPI: Une nouvelle opportunité pour l’Europe d’innover dans les paiements. (chapitre 2)

23/09/2020
By Arnaud Crouzet, VP Security & Consulting at Fime
EPI: Une nouvelle opportunité pour l’Europe d’innover dans les paiements. (chapitre 2)

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Après plusieurs mois d’étude, 16 banques représentant 5 pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France et Pays-Bas) ont validé le 2 Juillet 2020 le lancement officiel d’un nouveau schéma de paiement paneuropéen. 

Vous avez raté le chapitre 1? Lisez le ici.

Chapitre 2 : contexte géopolitique

Ce n’est pas la première fois que l’Europe essaie de mettre en place une harmonisation des systèmes de paiement par carte.

Ainsi, le projet EPI permet de répondre directement aux enjeux des institutions politiques européennes et des autorités nationales. Dans un contexte où les situations géopolitiques évoluent rapidement, la maîtrise des transactions financières, le renforcement du marché unique et la stratégie numérique européenne sont des sujets cruciaux pour l’Europe.
Arnaud Crouzet
VP Security & Consulting chez Fime

Les prémices d’EPI

Plusieurs initiatives ont vu le jour au cours des 15 dernières années.

  • Le projet EAPS (Euro Alliance of Payment Schemes) qui consistait en l’interconnexion des réseaux de cartes domestiques, a été lancé en 2007 puis abandonné en 2013 après un déploiement encore trop limité.

  • L’initiative non-bancaire PayFair, également lancée en 2007 avait pour objectif d’implémenter un nouveau schéma de paiement européen, sur la base d’une nouvelle infrastructure d’acceptation. Quelques implémentations ont eu lieu en Belgique et aux Pays-Bas en 2008. L’initiative PayFair a été abandonnée quelques années après, n’ayant pas réussi à mettre en place un écosystème suffisant.

  • Le projet Monnet en 2008 était également très ambitieux avec la création d’un nouveau schéma de carte. Mais il n’est finalement pas allé beaucoup plus loin que les études préliminaires, ne trouvant pas de business model viable dans un contexte de réglementation incertain et une baisse des interchanges. Ainsi, faute d’accord avec la Commission Européenne sur les conditions économiques, les 24 banques membres ont décidé en 2012 de stopper le projet..

S’en est suivi une recherche de « self-regulation », en particulier dans le cadre du SCF (Sepa Card Framework). Les différents acteurs et réseaux devaient parvenir à s’entendre pour harmoniser eux-mêmes les paiements en Europe. Pour autant, l’harmonisation des paiements entre les différents pays peine à se concrétiser, et les spécificités domestiques sont encore trop présentes.

Quelques avancées importantes ont été accomplies, avec notamment :

  • l’ECSG (European Cards Stakeholders Group)  [1],a défini les règles fonctionnelles au niveau européen et la première publication en 2014 du « Volume », composé initialement de 6 recueils détaillant chaque partie de la chaine des paiements. La dernière version, le Volume 9 composé de 7 recueils[2] a été publiée en Janvier 2020[3]et intègre l’ensemble des évolutions européennes tels que GDPR, les SCA de EBA RTS, HCE, EMV 3DS v2, FIDO….

  • Depuis 2015, l’organisation de standardisation nexo3, reprenant la suite des travaux d’EPAS.org, OSCar et CIR WG initiés en 2005, a spécifié sur une base ISO20022 l’ensemble des protocoles d’échanges nécessaires au domaine de l’acceptation. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus utilisés et déployés en Europe et au-delà. Les standards nexo ont été validés conformes au « Volume » de l’ECSG en février 2018. [4].

  • La création en novembre 2018 par la Banque Centrale Européenne (BCE) d’une nouvelle infrastructure de paiement, TIPS (Target Instant Payment Settlement)[5]permettant aux prestataires de services de paiement de proposer à leurs clients des transferts de fond en temps réel, 24 heures sur 24 et tous les jours de l’année. Cela représente une étape majeure et répond aux besoins d’interopérabilité paneuropéenne nécessaires au déploiement de l’ « Instant Payment ».

Un contexte favorable

Le nombre de transactions électroniques continue de progresser, avec une accélération suite à la crise du Covid-19. Déjà avant la crise, les prévisions donnaient une augmentation de 7% par an entre 2020 et 2025, et une estimation de 55% des paiements réalisés par carte en 2020, contre 25% en 2000[6]La crise a amplifié l’usage des paiements électroniques par rapport aux espèces. Ainsi en Allemagne, pour la toute première fois de son histoire, le nombre de transactions cartes vient de dépasser l’utilisation de l’argent liquide[7]avec une prévision d’augmentation de 28% entre 2019 et 2025 pour les transactions cartes, et une diminution de 34% pour les espèces. Une révolution dans un pays habitué à payer en espèces.

Ainsi, le projet EPI permet de répondre directement aux enjeux des institutions politiques européennes et des autorités nationales. Dans un contexte où les situations géopolitiques évoluent rapidement, la maîtrise des transactions financières, le renforcement du marché unique et la stratégie numérique européenne sont des sujets cruciaux pour l’Europe.

Les différentes réglementations européennes ont permis l’ouverture du marché des paiements (PSD2) tout en renforçant la protection des consommateurs  (SCA [8], GDPR [9]). EPI apporte la gestion unifiée des transactions de type carte à l’échelle de l’Europe, redessinant ainsi le paysage fragmenté actuel.

Cette initiative stratégique européenne pourrait être « la dernière chance » pour l'Europe de construire un système de paiement unifié.

Des enjeux d’adhérence

Dans le paysage international, d’autres créations de schémas de cette ampleur ont émergé. En 2002 la Chine a créé CUP (China UnionPay) et sa déclinaison à l’international avec UPI (Union Pay International). En 2015 c’est au tour de la Russie avec son propre réseau de paiement MIR, géré par l’organisation NSPK (National Payment Card System).

En Europe, la différence est de taille : on observe de fortes disparités des systèmes monétiques domestiques et des acteurs entre les différents pays, incluant :

Des réseaux de cartes, processing et organisations nationaux tels que Bancomat (Italie), Bancontact-Payconiq (Belgique), Vipps-BankAxept (Norvège), Borica-Bcard (Bulgarie), Cartes Bancaires « CB » (France), Nets-Dankort (Danemark), Dutch Payments Association (Pays-Bas), Pan-Nordic Card Association (Scandinavie), SIBS (Portugal), STMP (Espagne).

Des protocoles de communication spécifiques comme ABI (Italie), CB2A (France), CTAP (Belgique), ep2 (Luxembourg), Price (Espagne), ZVT (Allemagne)…

Des applications et des certifications dédiées répondant aux contraintes locales.

Ainsi, pour les 9 prochains mois, l’adhésion des différents acteurs et des parties prenantes sera déterminante. Elle nécessitera non seulement l’implication d’autres banques européennes et nationales, mais aussi le soutien des pouvoirs publics, la prise en compte des réseaux domestiques et internationaux, et la participation des représentants des consommateurs et des commerçants.

Lire le chapitre 3.

To learn more about the European Payments Initiative, read our three-part blog series on the project on our website. Download the full report here.

* EMV® is a registered trademark in the U.S. and other countries and an unregistered trademark elsewhere. The EMV trademark is owned by EMVCo, LLC.

[1] ECSG website
[2] ECSG details of the Volume 9
[3] ECSG announcement of the publication of the Volume 9
[4] Nexo standards becomes first association to be granted ECSG conformance label – listingpress release
[5] TIPS announcement by the European Central Bank
[6] Source Kearney – Cashing in on cashless commerce
[7] In Germany, card to exceed cash payment - white paper from Euromonitor International
[8] SCA – Strong Customer Authentication
[9] GDPR - General Data Protection Regulation


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